Dossier Technique N°17 | Mai 1999 |
En 1998, en France,
environ 9 millions de mètres de film négatif 35 mm, issus
de tournages, ont été développés par les laboratoires.
Et c'est 190 millions de mètres de film positif qui ont été
tirés pour les copies d'exploitation. Comment tout cela se réalise-t-il
techniquement ?
Traitement global |
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Les étapes du développement des négatifs issus de tournage se déroulent comme suit :
![]() Fig. 1 : Synoptique du traitement des pellicules |
Il faut bien prendre
en compte que tout le travail d'étalonnage se réalise en
étroite collaboration entre les étalonneurs des laboratoires
et les responsables de l'image dans la production : réalisateur,
directeur de la photo, opérateur de prise de vue.
Trucages et génériques |
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Les trucages et les génériques sont traités de la même façon, via deux méthodologies :
Insertion du son |
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Après mixage
soit sur support informatique, soit sur support magnétique, il est
procédé à un report optique (analogique et numérique)
sur négatif son au moyen d'une caméra optique, réalisé
dans les auditoriums de mixage.
Tirage des copies |
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Le tirage des copies séries ne peut commencer que lorsque l'internégatif final a été accepté par la production.
Dans un premier temps, il est procédé à un "essuyage" des divers éléments (image, son, éventuellement sous-titre). Cet essuyage est réalisé en passant les films dans une machine d'essuyage contenant du perchloréthylène. Il permet l'élimination de toutes traces présentes sur l'élément (poussières, micro-rayures, etc )
A ce moment, les films se présentent sous forme de bobines de 600 m ou de 1200 m.
Tireuse Contact (BHP, Peterson, etc... )
Ces machines comportent deux têtes d'impression, une pour l'image et une pour le son. Le film positif est d'abord plaqué contre le négatif image en défilant sur un tambour intégrant une source de lumière recomposée, éclairant les deux pellicules via une fente optique d'environ 2 mm d'épaisseur. La vitesse de défilement peut varier de 10.000 à 19.000 m/heure.
La source lumineuse est une lampe à filament type "lumière du jour". Cette lumière blanche est séparée en rouge, vert et bleu en passant au travers de filtres dichroïques. A l'aide de vannes mécaniques à commandes électroniques, les trois faisceaux sont quantifiés en fonction des données d'étalonnage, puis recomposés en un seul faisceau qui vient impressionner la pellicule positive vierge.
La pellicule positive
est ensuite orientée vers un second tambour, où elle sera
plaquée contre le négatif son, et éclairée
par une source lumineuse simple filtrée.
![]() Fig. 2 : Tireuse film (type BHP) |
Sur certains types
de machines, le tirage peut être fait soit par la tête, soit
par les pieds.
![]() Fig. 3 : Eclairement de la tête image |
Tireuse par immersion (Debrie, CTM, etc... )
Le principe est le même. Lors de l'impression photographique, la pellicule est dans un bain de perchloréthylène, dont l'indice de réfraction est sensiblement égal à celui du support, ce qui permet de "masquer" les microrayures, et donc de prolonger la durée d'utilisation des internégatifs, tout en ayant une qualité constante. On utilise ainsi ces machines avec des internégatifs montés en boucle, pour le tirage des publicités et des bandes annonces.
Contrôle qualité
Les tireuses sont
contrôlées en permanence. On garantit ainsi une homogénéité
constante des éléments fabriqués. Le réglage
des tireuses est effectué en utilisant les images test de début
de bobine (tête de femme + mires).
Développement des copies "série" |
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Le développement des copies "série" est devenu une véritable industrie : 190 millions de mètres par an en France. Les défis relevés portent au moins sur trois points : la qualité, la rapidité, le respect de l'environnement.
Principes
Plusieurs fabricants machines existent sur le marché, comme Michelson ou Filmlab. La vitesse des machines peut aller de 9.000 m/h (Filmlab) à 13.000 m/h (Michelson). Le développement peut être réalisé indépendamment en bobines 600 ou 1200 m.
Les machines de développement ne sont pas déchargées. Il faut plusieurs heures pour réamorcer une machine ! Le développement se faisant en continue, on dispose en entrée et en sortie de développeuse d'une réserve de film sur des systèmes de galets mobiles, permettant ainsi aux opérateurs l'agrafage en entrée, et la séparation en sortie des bobines traitées. Les réserves sont d'environ 45 secondes.
Sur une machine rapide (Michelson), une bobine 600 m (environ 20 minutes) est réceptionnée toutes les 2'30".
Contrôle qualité
Le contrôle qualité est effectué suivant plusieurs méthodes. Les têtes de série, après vérification sensitométrique, sont contrôlées en salle de vision, afin de vérifier la qualité image et tous les types de son. Par ailleurs, toutes les bobines sont contrôlées systématiquement sur table de vision à défilement rapide.
Tous les éléments physiques du process des développeuses sont contrôlés en permanence informatiquement : température des bains, débit de circulation, taux de renouvellement. Tous les bains de développement sont contrôlés chimiquement en continu. Ces contrôles répertoriés permettent ainsi de retirer plus tard des copies ayant les mêmes caractéristiques.
Assemblage et étiquetage
Le laboratoire compile les bobines développées indépendamment pour "créer" des copies. L'étiquetage de la copie comprend : le titre, la version linguistique, le format son, le format image (lorsque le distributeur en a informé le labo), les numéros de bobine, de copie, de visa. Malheureusement, cette étiquette est parfois recouverte par d'autres étiquettes, masquant les informations utiles à l'exploitation.
Les fiches de vérification, lorsqu'elles existent, sont fournies par les distributeurs.
Pollution
Deux éléments principaux sont traités : récupération de l'argent métal, réduction des produits polluants dans les rejets. Les laboratoires sont en cela soumis à des réglementations très strictes qui les ont obligé à prévoir des installations de retraitement importantes. Par ailleurs, afin de limiter les rejets, les produits sont autant que possible recyclés. Une optimisation et une régulation précises sont faites sur les solutions de renouvellement.
Méthodologie générale
On trouvera ci-dessous le descriptif général du développement des copies séries, avec explication des différentes phases de traitement.
Seul l'argent ayant reçu de la lumière est réactif aux produits présents dans le révélateur et va permettre la fabrication des colorants.
La dorsale est une
couche à base de carbone qui est déposée sur le support
afin d'éliminer les réflexions parasites de la lumière
lors de l'exposition. Cette couche doit être éliminée
en début de développement.
Action | Commentaires | ||
![]() ![]() |
Cabine
de réserve |
![]() |
Le film
est emmagasiné sur "diabolos" mobiles, créant
une réserve de film utilisée pendant l'accrochage d'une nouvelle bobine en entrée sans arrêter la développeuse |
Prébain | ![]() |
Préparation
en vue de l'élimination de la dorsale
(ramollissement) |
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Rinçage
et essuyage |
![]() |
La pellicule
est débarrassée de sa dorsale par action
mécanique (brossage) |
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Développement
chromogène |
![]() |
Fabrication
des différents colorants qui vont constituer
l'image couleur, puis fabrication d'une image argentique |
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Bain d'arrêt
ECP 2 |
![]() |
Ce bain stoppe l'action du révélateur | |
Rinçage
à l'eau |
![]() |
Nettoyage
et rinçage de la pellicule par action chimique
et par essorage |
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1er fixage | ![]() |
Solubilisation de l'argent n'ayant pas reçu de lumière | |
Lavage | ![]() |
La pellicule
est nettoyée complètement de tout résidu
chimique de traitement |
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Blanchiment | ![]() |
Transforme
l'argent métallique qui a servi à la constitution
des colorants en sels d'argent pouvant être éliminés par le fixage (persulfate de potassium, cyanure de potassium, etc) |
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Lavage
et séchage |
![]() |
Nettoyage et rinçage de la pellicule | |
Empâtage
et développement de la piste son analogique |
![]() |
Dépôt,
au moyen d'une molette, d'une pâte à base
d'hydroquinone permettant de réactiver les sels argentiques sous forme d'argent métal sur la zone de la piste sonore analogique. Redéveloppement de la piste son par un révélateur noir et blanc. |
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Lavage | ![]() |
Nettoyage et rinçage de la pellicule | |
2ème fixage | ![]() |
Solubilisation des sels d'argent restants | |
Lavage | ![]() |
Nettoyage et rinçage de la pellicule | |
Stabilisation | ![]() |
Introduction
d'un agent mouillant améliorant la qualité
de l'essorage |
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Séchage
plus réserve |
![]() |
Comme en
entrée, le film est emmagasiné sur une série
de diabolos permettant l'arrêt de la machine pour coupage de la bobine en cours, après séchage et visionnage rapide |
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Visionnage
à vitesse
de développement |
![]() |
Ce visionnement
s'effectue en sortie de développement,
avant séparation. |
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Contrôle
et conditionnement |
![]() |
Chaque bobine
est séparée, étiquetée, conditionnée
pour
le transport. Des contrôles complémentaires sont effectués sur table de montage rapide (toutes les bobines), et en salle de projection pour le son (par prélèvement). |
Consultant : René
Bruni
Rédaction : Alain Besse (abesse@cst.fr) |