ES - FAI - EME - MS - Aurore -
Transéquatoriale, Ionoscatter
Nous allons aborder quelques modes hyper excitants qui sont quasi exclusivement réservés au VHF/UHF. Voyage dans un monde réservés aux initiés... | |
Propagation sur couche E sporadique ou Es | |
Tout le monde en a plus ou moins entendu
parler sur les bandes hautes en décamétrique et cela ne constitue pas un
exploit particulier que de trafiquer en utilisant ce mode. En VHF il en va
tout autrement car la sporadique E porte bien son nom et il faut de la
patience pour la dénicher. Les résultats sont grandioses, avec des QSO
entre 1500 et 2000 km sur 144 MHz. |
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Rappel sur la couche E : |
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La couche E est normalement située entre 90
et 150 km d'altitude, toutefois une sous-couche centrée entre 95 et 120 km
nous intéresse plus particulièrement. Dans cette couche (entre autres) les
atomes d'azote et d'oxygène sont ionisés par les UV et rayons X émis par
le soleil. La couche E existe donc préférentiellement le jour (elle a besoin du rayonnement pour son ionisation) toutefois j'ai trafiqué en sporadique E en 1992 jusqu'à 00H00 ce qui tendrait à prouver que les nuages ionisés peuvent perdurer bien après le coucher du soleil. |
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Fonctionnement : |
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Pour le moment personne n'a pu établir avec
certitude les causes déterminantes de la formation des nuages ionisés de la
couche E. Plusieurs hypothèses ont été émises, une d'ailleurs est
française et est due au regretté F8SH. Celui-ci supposait que la formation
de nuages était liée à des ondes gravitationnelles puissantes générées
par des orages majoritairement pour ce qui regarde nos latitudes à hauteur
des Balkans. D'autres ont établi des corrélations avec l'activité
météoritique. Il est possible qu'une seule cause soit difficile à isoler
et que ce phénomène soit lié à une conjonction de facteurs. Au chapitre des théories fréquemment citées, voici un aperçu des connaissances actuelles : |
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Quoi qu'il en soit, des nuages fortement ionisés apparaissent à des
périodes bien recensées et ces nuages sont si fortement ionisés que des
QSO sur 144 MHz sont tous les ans réalisés à grande échelle. La
caractéristique dominante est que les signaux sont extrêmement puissants
et soudains et que le phénomène apparaît brutalement comme il peut
disparaître d'ailleurs tout aussi brutalement. Les signaux que vous allez émettre vont rencontrer le nuage et être réfléchis (peut-être réfractés de proche en proche) vers le sol. La hauteur du nuage et la géométrie font le reste. |
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Quand trafiquer en Es ? |
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Ce n'est pas vous qui décidez mais la nature,
toutefois mieux vaut être vigilant car les signes annonciateurs ne
résonnent pas comme les trompettes de Jéricho. A nos latitudes, la sporadique E intervient plutôt au printemps, les mois de mai et juin sont très favorables. C'est parfois plus tôt, c'est parfois plus tard, dès le moi d'avril, il faut être en écoute permanente sur 144.300 La sporadique E semble statistiquement avoir des préférences soit en milieu de matinée soit en début de soirée. Elle peut durer quelques minutes ou plusieurs heures. |
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Comment traquer la sporadique E ? |
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Plusieurs méthodes sont efficaces : - écouter le 50 MHz. Si rien ne se passe en 50 MHz, inutile d'espérer quoi que ce soit sur 144 MHz. Au contraire si le 50 MHz est rempli de stations européennes avec des signaux puissants, mettez le 144 MHz en route. - observer les signaux TV bande 1, même principe que pour le 50 MHz - écouter la fréquence d'une station FM distante. L'inconvénient de cette méthode est que la bande FM est surchargée et qu'il n'est pas facile d'y trouver un trou, l'avantage est que la fréquence est plus élevée que sur 50 MHz et que la corrélation avec le 144 MHz est meilleure. |
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FAI - Field alignment irregularities | |
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Une station représentée par TX émet vers le
point de réflexion commun selon un angle a1 par rapport à l'alignement du
champ magnétique terrestre. La zone de réflexion (on pourrait aussi parler
de dispersion) va ré-émettre selon un angle a2 sous la forme d'un cône.
Les stations situées dans ce cône pourront recevoir les signaux émis. |
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Particularités de la FAI : |
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- Décalage d'azimut par rapport au pointage
station vers station. Ici il faut viser un point de réflexion et non pas l'azimut du correspondant. - Signaux légèrement déformés comme par une aurore, le phénomène est peu marqué mais présent. - Elévation du site de réflexion. Plus vous êtes loin du site de réflexion moins vous avez besoin d'élévation, inversement plus vous en êtes rapproché, plus vous devez mettre d'élévation. |
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Points de réflexion connus : |
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Bruxelles - Budapest -
Genève Il en existe certainement beaucoup d'autres qui restent à découvrir. Si vous trafiquez dans ce mode, notez soigneusement l'azimut de votre antenne. |
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Aurore boréale | |
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Naissance de l'aurore : |
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Comme nous venons de le voir, une aurore est
totalement dépendante du soleil qui émet brutalement des bouffées de
particules et de rayonnement. Dans un laps de temps compris entre 24 et 36
heures, ces particules entrent dans l'atmosphère terrestre et vont interagir
avec le champ magnétique ce qui produira un gros orage
géomagnétique. Les particules émises par le soleil traversent
l'ionosphère et entrent par les pôles (d'où le nom aurores boréales ou
australes). Ces particules à haute énergie ionisent plus particulièrement
la couche E ce qui est extrêmement favorable à la réflexion des
émissions VHF. |
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Particularités des aurores : |
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EME - Earth Moon Earth ou le trafic Terre Lune Terre | |
Ici nous entrons dans la catégorie professionnelle car l'équipement requis pour ce genre de trafic est assez conséquent. J'ai longtemps considéré que faire un QSO en EME était une sorte d'achèvement en soi, une consécration. A droite vous pouvez observer l'objet de tous mes désirs pendant pas mal d'années. W5UN a longtemps eu la réputation d'être la station la plus puissante en EME, et en fait je l'ai contacté avec 130W et 2x17 el ce qui tendrait à prouver qu'en plus sa réception est à la hauteur... |
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Le principe : |
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On ne peut plus simple : Utiliser la lune
comme réflecteur passif. Il suffit d'envoyer suffisamment d'énergie en
direction de l'astre pour espérer être entendu de l'autre côté de la
planète. Si cela ne vous impressionne pas , pensez que les QSO se font sur
144,432,1296,3500,5700,10000, 24000 MHz. Bien sûr, il faut que les deux stations voient la lune simultanément. |
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La lune réfléchit environ 7% de l'énergie
émise depuis la terre, ce qui n'est pas énorme et elle représente à 350
000 km de distance une cible qui représente environ 1,5°. Sur les bandes basses, les pratiquants sont confrontés à plusieurs problèmes qui ne facilitent pas la tâche, citons : |
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Les signaux doivent faire un aller-retour ce qui représente en moyenne un QSO de 700 000 km d'où ce doux nom anglo-saxon "d'ultimate DX" et la perte sur le parcours se situe entre 240 et 290 dB en fonction de la fréquence | |
Pour démarrer dans ce mode, il faut du gain
aux antennes et un peu de puissance. Commencez par écouter les jours de
contest EME si vous entendez quelque chose même si vous n'avez pas
d'élévation. Attendez seulement que la lune soit à 4° au dessus de
l'horizon et écoutez entre 144.000 et 144.050 MHz. Vous devriez entendre
ceci : "Cliquez ici pour entendre un signal EME". Vous l'avez reconnu ? Un autre "Cliquer ici pour entendre un signal EME" Comme vous pouvez le constater ce n'est pas violent... |
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MS - Meteor Scatter | |
Trafic passionnant et plus à la portée de la station moyenne que l'EME, voici le MS. Ce mode de propagation et de trafic attire de nombreux amateurs, plus particulièrement en Europe. Nos amis allemands sont d'ailleurs leaders en la matière au point d'organiser des expéditions même en France pour activer des locators très demandés (JN08) et totalement inactifs. Vous pouvez voir ci-contre la traînée laissée dans l'atmosphère par la combustion de la météorite. Exploités par radio ou visuellement c'est toujours un spectacle stupéfiant. |
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Le principe : |
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La distribution des ions dans une traînée répond à la courbe de Gauss, quand la densité est assez élevée, la
traînée est un plasma et les ondes électromagnétiques ne pénètrent pas
le plasma mais sont réfléchies par lui. Les traînées sur-denses
produisent les réflexions maximum. On a pu observer des réflexions supérieures à la
minute avec des variations de signaux importantes. |
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Les prédictions de passages : |
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Comme tout phénomène astronomique, les prédictions
de passage de pluies de météorites sont précises et font
l'objet de nombreuses publications. Les pluies les plus denses se produisent
en Août avec les Perséides, en novembre avec les Léonides, en décembre
avec les Géminides et en janvier avec les Quadrantides. Sachez toutefois
que le MS est praticable toute l'année car en dehors de ces pluies
majeures, il tombe tous les jours des météorites sur la terre. Le meilleur
moment pour les exploiter se situe en fin de nuit, début de jour avec le
lever du soleil, non pas pour des effets d'ionisation qui n'ont rien à
faire ici mais seulement pour des rasions de mécaniqe céleste. On reçoit
tout simplement plus de météorites à ce moment de la journée quand la
terre s'oriente de par sa rotation face au flux. Des logiciels font cela également très bien en vous
permettent qui plus est, de déterminer l'heure à laquelle la géométrie
spatiale vous offre le plus de chance de réaliser la liaison. |
Ionoscatter (essentiellement pour le 50 MHz) |
Mode peu connu et exploité, il demande un
équipement du segment supérieur pour avoir des chances de concrétiser une
liaison. Il est praticable H24 comme le MS mais ne délivre pas comme lui de
brusques et puissantes bouffées de signal, bien au contraire. Les signaux iono sont faibles et continus. |
Principe : |
L'ionoscatter peut s'apparenter au
tropo-scatter à cette différence que la diffusion va s'opérer non pas
dans la troposphère mais dans l'ionosphère vers 85 km d'altitude. Il
faudra que les deux stations illuminent un volume commun ce qui pourra
parfois nécessiter de l'élévation mais pas excessivement. Vu la hauteur de
diffusion on estime à 5° pour une liaison de 1200 km l'élévation
nécessaire et pas d'élévation pour une liaison de 2000 km. D'après OZ1RH, spécialiste du mode, pour réussir cela il faut au moins 500W et 10 dBd de gain, ceci constituant un minimum. |
Transéquatoriale TEP (Trans-Equatorial Propagation) |
On a rapporté, il y a de nombreuses années
déjà l'histoire de QSO fabuleux, réalisés sur 144 MHz entre des stations
italiennes et des stations d'Afrique du Sud. Excusez du peu. Il semble (je ne dispose pas d'assez d'informations sur le sujet) qu'il s'agisse de réflexion/réfractions ionosphériques entre stations situées symétriquement par rapport à l'équateur magnétique, préférentiellement aux équinoxes durant les périodes de forte activité solaire. Désolé de ne pouvoir en dire plus, je vais effectuer des recherches |
Bon ce n'est déjà pas mal et pour exploiter
tous ces modes une vie de radioamateur ne suffira pas. Vous voyez que les
bandes V/UHF sont très riches et qu'elles n'ont rien à envier aux bandes
décamétriques. Méditez cela... |
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